Espagne : Podemos rejoint Sumar dans une alliance pro-guerre pour les élections anticipées du 23 juillet

Vendredi 9 juin, Podemos, son rival électoral récemment fondé Movimiento Sumar (Mouvement d'unité) et Izquierda Unida (IU, Gauche unie), dirigée par les staliniens, ont convenu d'une plate-forme commune pour les élections législatives du 23 juillet. La plate-forme sera dirigée par la cheffe de Sumar, la vice-première ministre par intérim et ministre du Travail Yolanda Díaz.

La vice-première ministre Yolanda Díaz [Photo by U.S. Department of Labor / CC BY 2.0]

Podemos, Sumar et IU font tous partie du gouvernement du Parti socialiste (PSOE)-Podemos récemment dissous par son chef, le Premier ministre Pedro Sánchez, après sa débâcle aux élections régionales de mai. Ils sont tous dirigés par des ministres et des politiciens éprouvés et pro-OTAN qui ont mis en œuvre la politique du gouvernement PSOE-Podemos, de la guerre impérialiste contre la Russie à l'extérieur et de la guerre de classe contre les travailleurs à l’intérieur. Leur plate-forme électorale commune signale clairement que Podemos, Sumar et IU se présenteront sur la base de promesses de continuer et d'intensifier la politique de droite qu'ils ont mises en œuvre au pouvoir.

Par-dessus tout, il est clair que Podemos, Sumar et IU ont tous l'intention de justifier les attaques continues contre le niveau de vie et les droits sociaux des travailleurs en intensifiant la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie. Cela se reflète dans les noms inclus dans les listes électorales Sumar-Podemos-IU qui sont en cours de finalisation. Cette liste comprend :

  • Yolanda Díaz, cheffe de Sumar et vice-Première ministre par intérim. Díaz fut la dirigeante la plus visible de Podemos après que le fondateur de Podemos, Pablo Iglesias, ait quitté le gouvernement en 2021, avant de fonder Sumar plus tôt cette année. Sumar a aidé à formuler les politiques intérieures ultra-réactionnaires de Podemos, notamment des coupes dans les retraites (article en anglais) et une réforme du travail; injecter140 milliards d'euros de fonds de sauvetage de l'UE dans les grandes entreprises et les banques espagnoles ; une politique de profits avant la vie dans la pandémie de COVID-19 entraînant plus de 160 000 décès ; l'incarcération et le meurtre barbares de migrants, dont le tristement célèbre (article en anglais) massacre de 37 réfugiés aux frontières de l'enclave espagnole de Melilla en Afrique; et de violentes répressions contre les métallurgistes et les camionneurs en grève.

  • Agustín Santos, représentant permanent de l'Espagne auprès de l'ONU, représentant de longue date de l'impérialisme espagnol. Auparavant, il a occupé d'importants postes d'ambassade à Pékin, La Havane, Washington, Canberra et Bruxelles. Il a été chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères du PSOE, Miguel Ángel Moratinos de 2008 à 2011, alors que l'Espagne augmentait son déploiement de troupes en Afghanistan et au Liban. L'armée lui a décerné la Grand-Croix du mérite militaire pour son rôle dans le fait que Madrid a obtenu le commandement de la mission FINUL au Liban. Santos s'était engagé « à élever non seulement le nom de l'Espagne mais aussi celui de ses forces armées ».

  • Ernest Urtasun, récemment nommé porte-parole de Sumar. Membre du Parlement européen depuis 2014, il a travaillé en étroite collaboration avec les Verts allemands pro-guerre au sein de l' Alliance libre européenne-Verts . En 2019, il a été réélu en tant que candidat Podemos. Urtasun est un fervent partisan de l'envoi d'armes et de chars à l’Ukraine dans la guerre par procuration de l’OTAN avec la Russie.

  • Pablo Bustinduy était l'ancien porte-parole des affaires étrangères de Podemos au parlement, avant de quitter le parti en 2019 pour un poste universitaire aux États-Unis. Il a appelé à une « autonomie stratégique » européenne vis-à-vis des États-Unis.

  • Tesh Sidi, militant nationaliste sahraoui et fondateur de la chaîne d'information Sahrawi Today. La nomination de Sidi intervient au milieu d'un mécontentement croissant au sein de certaines sections de l'armée espagnole face à l'accord conclu entre le gouvernement PSOE-Podemos et le Maroc reconnaissant l'annexion par Rabat de l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental. L'accord a été conclu aux dépens de l'Algérie riche en gaz, le principal soutien de la milice nationaliste sahraouie du Polisario.

  • Íñigo Errejón , un fondateur de Podemos qui a rompu avec lui pour fonder Más Madrid (Plus de Madrid) et Más País (Plus de Pays). Ami de la théoricienne anti-marxiste « populiste de gauche » Chantal Mouffe, il a soutenu l'envoi d'armes à l'Ukraine et le bellicisme de l'UE contre Moscou, exigeant que Bruxelles fasse plus pour couper les importations de gaz russe. Son parti a notoirement accueilli le sommet de l'OTAN sur la guerre à Madrid l'année dernière avec « plaisir et fierté ».

  • Ione Belarra, secrétaire générale de Podemos. Elle a joué un rôle cynique, faisant des protestations creuses contre l'armement de l'Ukraine alors qu'elle siégeait au gouvernement d'un pays impérialiste jouant un rôle de premier plan dans la poursuite de la guerre de l'OTAN contre la Russie. Elle a soutenu l'augmentation du budget militaire du gouvernement PSOE-Podemos à un record de 27 milliards d'euros par an.

Il est significatif que Podemos ait accepté que ses principaux dirigeants ne figurent pas sur les listes de candidats: la ministre par intérim de l'Égalité Irene Montero et son porte-parole parlementaire, Pablo Echenique. Tous deux ont été visés par des campagnes de presse d'extrême droite proches de Vox. Tous deux sont également proches de l'ancien chef de Podemos et vice-Premier ministre Pablo Iglesias, violemment attaqué par Sumar après avoir appelé à l'indépendance de l'UE vis-à-vis de Washington.

En s'accordant sur cette bande de voyous comme têtes de liste électorale commune, Sumar, Podemos et IU indiquent clairement qu'ils ne feront aucun tournant vers la gauche en réponse à leur défaite électorale. Au contraire, ils intensifieront la politique de guerre impérialiste, d'austérité sociale et de répression policière qui a discrédité le gouvernement PSOE-Podemos et renforcé le parti d'extrême droite Vox.

Aux élections de mai, Podemos a perdu tous ses conseillers municipaux à Madrid, Valence, Saragosse, Tenerife, Burgos, Valladolid, Vigo et La Corogne. Il a perdu 10 législateurs régionaux dans la région de Madrid et huit au parlement valencien. À Barcelone, le parti Sumar de Yolanda Díaz ne s'est pas présenté mais a plutôt soutenu la maire Ada Colau, qui a perdu son poste après huit ans de mandat. Le mouvement Mas Madrid d'Errejón a perdu sept conseillers dans la ville de Madrid, tombant à 12, tandis que dans la région de Madrid, il a perdu 100 000 voix.

Comme l'a expliqué le WSWS, Podemos et ses alliés ont réagi à cette débâcle non pas en faisant campagne pour récupérer le soutien perdu à Vox et au Parti populaire (PP) de droite, mais en menant une campagne essentiellement de droite visant à céder le pouvoir au PP et Vox. Au cœur de cette stratégie réactionnaire il y a le soutien de Podemos, Sumar, IU et de tout le milieu de la pseudo-gauche espagnole à la guerre de l'OTAN avec la Russie.

Au cours des dernières semaines, le gouvernement PSOE-Podemos a intensifié son pillage de la classe ouvrière espagnole à la demande de l'aristocratie financière. Mercredi dernier, il a envoyé un addendum au plan de relance de l'UE pour recevoir 94 milliards d'euros à verser aux banques et aux grandes entreprises et dont la facture sera payée par une austérité de masse. S'il est réélu, le gouvernement a déjà promis à Bruxelles de procéder à 24 milliards d'euros de coupes sociales et d'augmentations d'impôts pour 2024.

La hausse des dépenses militaires se poursuivra elle aussi. La ministre de la Défense du gouvernement PSOE-Podemos, Margarita Robles, a déclaré que l'investissement record dans l'armée ne serait pas modifié, quel que soit le parti au pouvoir en Espagne, déclarant: « Les forces armées appartiennent à tous les Espagnols, elles n'appartiennent à aucun parti politique ».

Pour arrêter une escalade catastrophique qui pourrait conduire à une guerre nucléaire, il faut mobiliser la classe ouvrière contre Sumar, Podemos et les autres partis de la pseudo gauche à l'international. Terrifié par-dessus tout par l'opposition croissante de la classe ouvrière à sa politique réactionnaire, Sumar se précipite vers la troisième guerre mondiale. Il faut construire un mouvement anti-guerre dans la classe ouvrière en opposition directe aux partis pro-guerre pseudo-de gauche de la classe moyenne aisée comme Podemos.

(Article paru en anglais le 14 juin 2023)

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