Le meeting électoral du Parti de l’égalité socialiste au Royaume-Uni présente son opposition socialiste et internationaliste à la guerre

Chris Marsden, le secrétaire national du SEP [Socialist Equality Party – Parti de l'égalité socialiste] a ouvert le dernier meeting électoral du parti pour les législatives du Royaume-Uni en soulignant son exceptionnel caractère international. Celui-ci s'est tenu dimanche au YMCA indien dans la circonscription londonienne de Holborn et St Pancras.

Construire un mouvement socialiste international de masse contre la guerre au Royaume-Uni signifiait rompre «une fois pour toutes avec les bellicistes pourris, de droite, pro-grande entreprise, anti-classe ouvrière et facilitateurs de génocide du Parti travailliste». Mais cela signifiait reconnaître que tous les problèmes majeurs auxquels la classe ouvrière est confrontée «ne peuvent être combattus qu’au niveau international».

Chris Marsden s'adressant à la réunion de Londres

La tribune de la réunion comprenait nombre des principaux dirigeants du parti dont la classe ouvrière a besoin pour mener cette lutte, le Comité international de la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste fondé par Léon Trotsky.

Joseph Kishore, secrétaire national du Socialist Equality Party (SEP) et candidat à la présidence des États-Unis, s'exprimant au rassemblement à Londres

Darren Paxton, candidat du SEP pour Inverness, Skye et West Ross-Shire en Écosse, a commencé par un appel à soutenir la campagne pour la libération de Bogdan Syrotiuk . Le chef de la Jeune Garde des bolcheviks léninistes, âgé de 25 ans, a été arrêté le 25 avril par le régime de Zelensky travaillant en étroite collaboration avec le gouvernement Biden, pour s’être opposé à la guerre provoquée par l’impérialisme et avoir plaidé en faveur de l’unité socialiste des travailleurs ukrainiens et russes.

Paxton a salué le fait que le fondateur de WikiLeaks Julian Assange soit libre, qui fut persécuté et emprisonné par l'impérialisme américain et britannique pour son opposition à la guerre et aux crimes de guerre. «Je fais partie des milliers de jeunes dans le monde qui ont pris connaissance du cas d'Assange grâce au WSWS», a-t-il déclaré. « Nous tous, dans la section du parti à Inverness, tous âgés d'une vingtaine d'années, avons été éduqués politiquement dans la lutte pour la liberté d'Assange.»

Darren Paxton s'exprimant lors du rassemblement de Londres

Il a averti : «bien qu’Assange soit libre, l’offensive capitaliste mondiale contre les droits démocratiques ne fait que s’accélérer». «L’expression la plus brutale de la répression des droits démocratiques au service de la guerre impérialiste on la trouve en Ukraine» a-t-il ajouté. Bogdan avait été accusé de «haute trahison» et risquait la prison à vie, mais en organisant un piquet mondial devant les ambassades ukrainiennes le 13 juin, «nous avons averti le gouvernement ukrainien et ses partisans de l'OTAN que nous avions l'intention de redoubler notre campagne mondiale pour le faire libérer».

Alex Lantier a apporté les salutations fraternelles du Parti de l'égalité socialiste en France le jour du premier tour des élections anticipées dans ce pays, «où l’obtention d’une majorité parlementaire par le Rassemblement national (RN) néofasciste est à portée de main ».

Lantier a expliqué que ce qui unissait les élections anticipées convoquées des deux côtés de la Manche était que «l’OTAN prépare une escalade massive de la guerre avec la Russie et d’une guerre de classes contre sa propre population. La question décisive à laquelle sont confrontés les travailleurs, non seulement en Grande-Bretagne ou en France, mais partout dans le monde, est de savoir comment lutter contre la fuite en avant du capitalisme vers la guerre mondiale et la réaction fasciste ».

Alex Lantier s'adressant au rassemblement de Londres

La «classe dirigeante discute de comment gouverner contre le peuple pour faire la guerre ». Cela pourrait prendre la forme d’un régime d’extrême droite dirigée par le RN de Le Pen, ou bien Macron « pourrait suspendre la démocratie parlementaire » et s’accorder «des pouvoirs dictatoriaux d’urgence d’une durée indéterminée, sans qu’il y ait contrôle du Parlement ou des tribunaux».

Essentiellement, «les travailleurs ne peuvent pas faire pression sur les politiciens capitalistes pour qu’ils trouvent une politique démocratique sur le sol national, parce que la classe capitaliste ne veut pas en fin de compte la démocratie. Elle veut la dictature et la guerre. Cela sous-tend la faillite de la stratégie électorale proposée par la coalition du Nouveau Front populaire dirigée par Jean-Luc Mélenchon, l’allié français de Podemos en Espagne, des Socialistes démocrates d’Amérique et de Jeremy Corbyn.»

Le Nouveau Front populaire est «un piège pro-guerre pour la classe ouvrière». Réunissant le Parti socialiste, le Parti communiste, le Nouveau parti anticapitaliste pabliste et la France insoumise de Mélenchon, il «soutient la guerre de Macron contre la Russie et l'État policier français».

«La montée de l’extrême droite n’est pas le résultat d’un soutien massif au génocide et à la guerre. C'est le résultat de la privation systématique des droits des travailleurs par les bureaucrates nationalistes que les médias et la classe dirigeante présentent comme étant la «-gauche »… La question décisive est de forger un mouvement révolutionnaire international dans la classe ouvrière contre la guerre impérialiste et le fascisme, et pour le socialisme», a expliqué Lantier.

Christoph Vandreier , secrétaire national du Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste), est l'auteur du livre Pourquoi sont-ils de retour? Falsification historique, conspiration politique et retour du fascisme en Allemagne.

Candidat tête de liste du parti aux élections européennes, Vandreier a expliqué que les succès de l'extrême droite n'étaient «pas le résultat d'un mouvement fasciste de masse, comme ce fut le cas en Allemagne dans les années 1930». Si la droite pouvait aussi gagner des voix parmi les travailleurs, c'était grâce à la faillite de la pseudo-gauche qui, comme Syriza en Grèce et le Parti de gauche en Allemagne, a imposé les pires coupes sociales et promu une politique de guerre au nom de la politique de gauche. Le tournant à droite ne vient pas d’en bas, mais d’en haut.»

Christoph Vandreier s'exprimant à la réunion de Londres

«C’est le comble du cynisme quand les élites allemandes utilisent la lutte contre l’antisémitisme comme lubrifiant idéologique pour leur nouvelle machine de guerre et pour réprimer ceux qui y résistent […] Ce ne sont pas les millions de travailleurs et de jeunes qui montrent leur solidarité avec les Palestiniens opprimés, mais la classe dirigeante qui renoue avec les traditions brunes des nazis en lançant des chars allemands contre la Russie, en déclarant que le génocide est raison d’État et en armant la Bundeswehr [armée allemande] à une échelle jamais vue depuis Hitler », a déclaréVandreier.

«Notre lutte contre la falsification de l’histoire », dit Vandreier avec insistance « a montré l’importance de la lutte sur le front idéologique. Sur cette base, nous avons obtenu d'importants succès à l'Université Humboldt à Berlin aux dernières élections [étudiantes], remportant 7,7 pour cent des voix. Dans le même temps, le service secret intérieur allemands a intensifié son action contre nous et a ajouté l'IYSSE [le mouvement de jeunesse du SEP/SGP] à la liste des organisations extrémistes aux côtés du SGP […] La classe ouvrière ne peut défendre ses droits, elle ne peut empêcher la catastrophe d’une guerre mondiale, que si elle se fonde sur la vérité historique et sur les leçons de l’histoire ».

Joseph Kishore, le secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste aux États-Unis et candidat à la présidence américaine, a qualifié le débat présidentiel entre Joe Biden et Donald Trump d’un des spectacles les plus dégradants de l’histoire politique américaine. Kishore a noté que les commentaires des médias «se sont concentrés sur le déclin cognitif du président américain» et sur son éventuel remplacement. Mais quel serait l’objectif d’un «changement de candidat du Parti démocrate? Quelle politique serait facilitée par une telle mesure?»

Il répondit ainsi: «La guerre […] telles sont les véritables priorités du Parti démocrate, que Biden soit à sa tête ou quelqu'un d'autre. C’est le parti de la guerre, de l’impérialisme, de l’appareil militaire et du renseignement, de Wall Street et de l’oligarchie financière et des trusts qui dirigent cette politique militariste de plus en plus irresponsable ».

Joe Kishore durant son discours au meeting du SEP

Trump, l’adversaire de Biden, était un «escroc fasciste qui, il y a à peine trois ans et demi, a organisé un coup d’État visant à renverser le résultat des élections de 2020 et à établir une dictature personnaliste… »

«Le fait que Trump pourrait très bien remporter la présidence aux prochaines élections est le résultat d'une part du tournant des élites dirigeantes vers l'autoritarisme et la dictature et d'autre part, du caractère résolument droitier de l’opposition officielle. [...] Parler d'un «moindre mal» entre ces deux partis n'a pas de sens politique. Ce sont deux représentants d’une oligarchie industrielle et financière qui pousse le monde entier vers la catastrophe.»

«Nous vivons dans une période de chocs, de transformations brutales, de protestations et de manifestations de masse, d'élections anticipées et de chute de gouvernements », a expliqué Kishore. « La situation peut évoluer très rapidement. La question cruciale est le développement dans la classe ouvrière d’une direction politique capable d’orienter les masses vers la conquête du pouvoir et la transformation socialiste de la vie économique et sociale »

Tom Scripps, le secrétaire national adjoint de la section britannique du CIQI, est le candidat du parti aux élections générales pour la circonscription de Holborn et St Pancras.

Tom Scripps s'exprimant lors du rassemblement de Londres

Scripps a expliqué que le Premier ministre conservateur Rishi Sunak avait convoqué un scrutin anticipé «parce que c’est Washington et ceux qui dans l’État britannique sont le plus proche de la Maison Blanche et du Pentagone qui lui ont demandé de le faire […] Un nouveau gouvernement était nécessaire pour faire la guerre, quitte à entraîner Sunak vers une défaite certaine. Et la préférence écrasante des élites dirigeantes pour mener cette guerre, c’est le Labour (Parti travailliste)».

Le SEP avait été le seul à alerter la classe ouvrière de ces dangers. Tous les candidats qui se présentaient pour protester contre le génocide à Gaza, comme Andrew Feinstein à Holborn et St Pancras, qui s'inspiraient pour la plupart de l'ex-leader du Labour Jeremy Corbyn, le faisaient « tout en refusant de faire le lien évident entre le soutien de l'impérialisme britannique aux massacres et au nettoyage ethnique perpétrés par Israël et la guerre qu’il a provoquée en Ukraine, qui a déjà coûté des centaines de milliers de vies et coûtera bien plus encore si elle n’est pas arrêtée ».

«Nous nous opposons au Parti travailliste dans son ensemble », a insisté Scripps « y compris à la poignée de ses politiciens ‘de gauche’ qui versent des larmes de crocodile pour Gaza tout en projetant de prendre leur place dans un gouvernement Starmer […] La classe ouvrière, en particulier la jeune génération, doit comprendre que la guerre est la question majeure sur laquelle doit se construire un nouveau mouvement socialiste ».

«Starmer et le Parti travailliste ne vont pas juste pouvoir agir à leur guise», a déclaré Scripps. Leur «gouvernement sera un gouvernement de crise et de lutte de classes. Notre tâche est de former des dirigeants politiques capables d’intervenir, d’éduquer et de convaincre un grand nombre de travailleurs et de jeunes qui cherchent une voie à suivre contre la guerre, l’austérité et l’autoritarisme, sur la base d’une perspective socialiste. C’est le but de notre campagne dans cette élection ».

(Article paru en anglais le 2 juillet 2024)

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