Le gouvernement travailliste de Starmer organise un sommet européen sur l'intensification de la guerre avec la Russie

Le quatrième sommet de la Communauté politique européenne (CPE) s'est réuni jeudi au palais de Blenheim, en Angleterre, en présence de plus de 45 dirigeants européens.

À la suite du sommet de l'OTAN à Washington la semaine dernière, la CPE a été chargée d'intensifier les plans de l'OTAN en vue d’un conflit militaire direct avec la Russie.

Le sommet inaugural de la CPE s'était tenu en octobre 2022 à l'initiative du président français Emmanuel Macron. Il réunissait les pays de l'Union européenne (UE), la Grande-Bretagne et une douzaine de pays situés le long de la frontière occidentale de la Russie. Depuis, la crise politique à laquelle sont confrontés les dirigeants européens s'est intensifiée, le régime de Zelensky en Ukraine subissant une série de revers militaires désastreux.

Macron est largement détesté en tant que «président des riches» belliciste s’accrochant au pouvoir grâce à la coalition du Nouveau Front populaire de la France insoumise, du Parti socialiste, des Verts et du Parti communiste stalinien.

Le dernier sommet de la CPE a été annoncé pour la première fois en mars par le Premier ministre conservateur de l’époque, Rishi Sunak, comme ayant lieu «à un moment important dans les efforts visant à galvaniser le soutien à l’Ukraine, alors que les combats devraient s’intensifier cet été».

Moins de quatre mois plus tard, les conservateurs ont été remplacés par un gouvernement travailliste encore plus résolument pro-guerre.

Le gouvernement de Keir Starmer a déclaré qu'il utiliserait la CPE pour une « réinitialisation» auprès des principales puissances de l'UE, après des années de rancune suite au référendum sur le Brexit en 2016. Mais cette «réinitialisation» fut axée sur la recherche d’un accord sur la conduite de la guerre avec la Russie et sur une intensification des attaques contre les demandeurs d’asile et les réfugiés.

Le gouvernement s'est vanté de ce que «pour la première fois à une réunion de la CPE, l'OTAN, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et le Conseil de l'Europe seront présents, montrant l'importance de l'unité en réponse à l'arc de conflit et d'instabilité à l’intérieur et à proximité des frontières de l’Europe qui affecte tant les intérêts du Royaume-Uni que ceux du continent. »

En ouvrant la première séance plénière, Starmer a déclaré: «Nous voulons travailler avec vous tous pour réinitialiser les relations […] parce que notre sécurité est en jeu.»

«Notre première tâche ici aujourd’hui est donc de confirmer notre soutien inébranlable à l’Ukraine […] et de dire que nous ferons face ensemble à l’agression contre ce continent. Parce que la menace russe s’étend à toute l’Europe», a-t-il ajouté.

Starmer était «fier du rôle joué par la Grande-Bretagne dans le maintien de la sécurité européenne. Grâce à l’OTAN, à la Force expéditionnaire conjointe et à bien d’autres encore, nous sommes unis. Nous protégeons les frontières de l'Europe.»

Au cours de la campagne électorale des législatives, le Labour (Parti travailliste) a présenté à l'élite dirigeante britannique ses qualités de parti de guerre digne de confiance. Starmer a déclaré au sommet que cela signifiait «relancer nos industries» et « relever non seulement le défi militaire, mais aussi le défi de notre sécurité économique, cybernétique et énergétique».

Le rôle assigné au président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet fut de renforcer l'isolement du Premier ministre hongrois Viktor Orban. La Hongrie a assumé la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne pour six mois, mais elle est boycottée par la Commission européenne après ses déplacements à Moscou et à Pékin au cours des deux dernières semaines.

À Moscou, Orban a déclaré qu’il était nécessaire «d’entamer un dialogue sur le chemin le plus court vers la paix». Il a également rendu visite au candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump, après quoi il a écrit au président du Conseil européen Charles Michel et à d'autres dirigeants de l'UE que «peu de temps après la victoire électorale de Trump, il n'attendra pas son investiture, il sera prêt à agir immédiatement en tant qu’intermédiaire pour la paix. Il a des plans détaillés et bien fondés pour cela ».

Zelensky, sans nommer Orban, présent, a déclaré au sommet: «Si quelqu'un veut faire quelques voyages dans la capitale de la guerre pour parler et peut-être promettre quelque chose contre notre intérêt commun, ou aux dépens de l'Ukraine ou d'autres pays, alors pourquoi devrions-nous l’écouter? » L’Union européenne et l’OTAN « peuvent également résoudre tous leurs problèmes sans cet individu».

Orban a encore été dénoncé, là encore sans être nommé, par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui se trouvait à Bruxelles où se tenait le scrutin qui devait la voir être élue à un second mandat. S'adressant aux députés européens, von der Leyen a qualifié la visite d'Orban à Moscou de «rien de plus qu'une mission d'apaisement».

Cependant, Orban n’est pas le seul à s’opposer à la poursuite de la guerre avec Moscou. D’autres partis d’extrême droite qui ont enregistré des gains importants aux récentes élections européennes se sont eux aussi opposés à une résolution du Parlement européen appelant à plus de soutien pour l’Ukraine et dénonçant les voyages d’Orban. Cette résolution a obtenu 495 voix pour, mais 137 députés ont voté contre et 47 se sont abstenus. La plupart des députés européens du groupe Patriotes pour l'Europe – dont son président Jordan Bardella du RN français – et ceux du groupe Europe des nations souveraines (intiales anglaises ESN) ont voté contre. L'ESN est dominé par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) néo-fasciste.

Le New York Times cite Sophia Gaston, responsable de la politique étrangère au groupe de réflexion Policy Exchange, qui a déclaré qu’une éventuelle seconde présidence de Trump était «le sujet tabou». Il allait y avoir «une certaine pression sur la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne – les principaux acteurs de la sécurité en Europe – pour qu’ils fassent de quelque sorte la démonstration que l’avenir de l’Ukraine est assuré».

Trump a nommé comme candidat à la vice-présidence JD Vance, qui s'oppose ouvertement à la poursuite de la guerre contre la Russie au motif qu’elle épuise les ressources de l'OTAN et oblige les États-Unis à payer la facture. Il la considère comme un obstacle à la poursuite de conflits plus importants, notamment contre la Chine. Il a déclaré récemment que les États-Unis ne fabriquaient « pas suffisamment de munitions pour soutenir une guerre en Europe de l’Est, une guerre au Moyen-Orient et potentiellement une urgence en Asie orientale».

L’escalade de la guerre contre la Russie s’est accompagnée de l’extension de la «forteresse Europe» et de la guerre contre les demandeurs d’asile et les réfugiés. Ce fut clairement exprimé dans l’engagement que «le gouvernement britannique profitera du sommet pour discuter d’une collaboration plus étroite pour lutter contre l’immigration clandestine et d’une plus grande coopération en matière de sécurité avec ses homologues européens pour assurer la sécurité de la Grande-Bretagne ».

L'une des pièces maîtresses du programme législatif de Starmer, présenté lors du Discours du Roi cette semaine, était son engagement à renforcer les lois anti-terroristes pour réprimer «l'immigration illégale» en Grande-Bretagne.

Parmi les aspects les plus répugnants du sommet figurait l’éloge de Starmer à la première ministre fasciste italienne Giorgia Meloni comme plus grande combattante contre «l'immigration illégale», alors qu'il pontifiait sur les droits de l'homme et la « dignité » de tous les êtres humains. Lors d’une série de réunions bilatérales que Starmer a tenues au long de la journée eut lieu une rencontre avec Meloni.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'entretient avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni alors qu'il accueille le sommet de la Communauté politique européenne (CPE) [Photo by Simon Dawson/No 10 Downing Street / CC BY-NC-ND 2.0]

Meloni a également été chargée d’animer une séance en petits groupes sur l’immigration clandestine, à laquelle participait Starmer. Séance présidée par le dirigeant albanais Edi Rama, dont le gouvernement est spécialisé dans l’enfermement des demandeurs d’asile dans des camps de détention et qui les «gère» dans le cadre d’un accord offshore avec l’Italie.

Clôturant le sommet, Starmer a déclaré que «réinitialiser notre approche» sur «la migration illégale […] avait été central aujourd'hui». En réponse à une question, Starmer a déclaré que bien qu'il ait mis fin aux projets du gouvernement conservateur concernant le Rwanda – pour lui un gadget coûteux – il était prêt à envisager la mise en place d’une opération semblable à celle montée entre l'Italie et l'Albanie. « J'ai toujours dit que nous examinerions ce qui fonctionne et là où les dossiers peuvent être traités plus près de leur origine, c'est quelque chose qui devrait, bien sûr, être examiné. »

«Nous allons sécuriser nos frontières», a déclaré Starmer. Affirmant que le problème serait également abordé «à la source», il a dit des pays du Moyen-Orient et d'Afrique dévastés par la guerre impérialiste et la pauvreté due à l'oppression occidentale, qu’on mettrait à disposition la somme princière de 84 millions de livres pour soutenir des possibilités d’emploi et des programmes d'éducation afin que les gens ne soient pas obligés de quitter leur pays pour l'Europe!

Comme le sommet de l’OTAN, la CPE était une gigantesque conspiration contre la population européenne pour promouvoir une guerre en faveur de laquelle personne n’a voté et dont personne ne veut. Et qui comporte le danger d’une escalade vers un conflit nucléaire avec la Russie et la Chine menaçant d’être la fin de l’humanité.

(Article paru en anglais le 19 juillet 2024)

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