Des milliers de manifestants défilent à Paris contre le génocide à Gaza

Samedi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Paris contre le génocide commis par l’État israélien à Gaza, et contre le soutien apporté par les gouvernements de la France et de l’OTAN. A la veille des élections européennes, de nombreux manifestants étaient mobilisés contre Macron, la promotion de l’extrême-droite, et son escalade militaire visant la Russie.

Aït, un Palestinien de France, a dit aux journalistes du WSWS qu’il était là pour dénoncer le génocide à Gaza et la complicité des gouvernements de l’OTAN: «Ils font une une politique criminelle, d’assassins. Tous les présidents qui ont soutenu ce génocide, ce sont de vrais terroristes, des criminels de guerre. … Si la Palestine appartient vraiment à vous, prouvez le. Pourquoi le faire avec la guerre, en tuant des femmes et des enfants? Non, il n’y aura pas de partage, nous manifesterons jusqu’au dernier Palestinien.»

Aït a également dénoncé le pillage des finances publiques et de la population par l’impérialisme français pour financer la guerre en Ukraine: «Le plus grand terroriste c’est l’État, et Macron c’est un voleur. Et en plus la France est menacée de la Troisième Guerre mondiale parce que toutes ces aides qui nous font croire qu’ils aident l’Ukraine, c’est faux. Ils sont en train d’acheter l’Ukraine. C’est un investissement avec de l’argent public, et nous on paie leurs fortunes. Ils font tout cela avec de l’argent public, et entre-temps les Français crèvent, ils crèvent de faim.»

Il a ajouté: «Je suis Palestinien à 100 pour cent, je suis aussi Ukrainien, parce que l’Ukraine appartient aux Ukrainiens, pas à l’Europe!»

Aït a fustigé le mensonge selon lequel Macron aurait mené une lutte contre l’extrême-droite lors des élections présidentielles qui l’ont opposé à la néofasciste Marine Le Pen: «Ce gouvernement, personne n’en veut. Ils nous ont fait voter entre la peste et le choléra. Alors on a voté contre le choléra, maintenant nous voilà … La démocratie est morte.»

Aït a souligné que Macron tente de museler l’opposition d’une large majorité des Français au génocide et à la guerre: «En France, c’est bloqué. Il y a une grande moitié de la population qui n’en veut pas de cette guerre, mais on ne la laisse pas s’exprimer. Ils ne nous autorisent pas à dire non, on ne veut pas la politique de Macron, on ne veut pas la politique d’Israël, on ne veut pas la politique des Etats-Unis. … Il y a la police, la milice à Macron, et on est piégé de partout. Si on dit quelque chose, on est un terroriste, on a une amende à payer, voilà.»

Mélanie a dit au WSWS qu’elle était «mobilisée contre le génocide que Israël commet envers la Palestine»:

«Pour moi, le retour qu’il y a eu contre le Hamas n’est pas du tout justifié, et les victimes collatérales sont nombreuses. Pour moi c’est de l’épuration ethnique et une volonté de détruire la Palestine pour profiter de ce qu’il y a là-bas et étendre le territoire d’Israël. Pour moi c’est du sionisme pur et dur, et je condamne ce qu’a fait le Hamas, mais malheureusement la Palestine n’a pas eu d’autre choix que de s’en sortir par ce groupe-là. Aujourd’hui les femmes et les enfants qui sont marqués dans des camps, et qui attendent d’être brûlés vivant, pour moi ce n’est pas normal.»

«Leur lien avec Israël, c’est une sorte de base au Moyen-Orient pour les Américains et pour l’OTAN», a-t-elle ajouté. «Le gouvernement français est gangréné par le sionisme, c’est un projet qui fait partie d’un agenda plus large. … J’ai un peu honte d’être Française».

Interrogé par le WSWS sur la nécessité de construire une l’unification internationale de la classe ouvrière dans un mouvement contre la guerre impérialiste et le génocide, Mélanie a dit espérer «le soulèvement des masses, le soulèvement de l’humanité. C’est pour ça que je suis là, j’encourage autant de personnes que possible à être là et à faire de même, sans pour autant être étiquetés politiquement … Je veux un soulèvement collectif, même si on a tous des valeurs de gauche, de socialisme qui nous aideront.»

Antonin, lycéen non encarté, a dit qu’il était venu dénoncer le génocide: «C’est une horreur, c’est horrible. Il continue à défendre ce que fait Israël est c’est monstrueux. Quand on entend ce que dit le gouvernement israélien sur les Gazaouis, ce sont des propos génocidaires horribles.»

Antonin a dénoncé la complicité des gouvernements européens: «L’impunité du gouvernement de Netanyahou, c’est qu’il fait tout ce qu’il veut, et tout ce qu’il a en retour, c’est des avertissements. Mais les avertissements ne suffisent pas. L’ONU fait des résolutions contre Israël, et Israël ne les respecte pas et on ne fait rien. Donc la complicité des Etats occidentaux, c’est cela ce qui est choquant. On dit que c’est grave mais on continue à leur donner des armes. Les mots ne suffisent pas, il faut agir.»

Interrogé sur la prise de conscience dans une nouvelle génération de jeunes du génocide et du danger de guerre mondiale, Antonin a répondu: «Tout le monde s’inquiète de cela, il faut faire très attention avec la guerre, ce qu’on fait avec la Russie. Les gens se posent des questions sur ce qui va suivre.»

Le WSWS a aussi interviewé Mustapha, sympathisant de la France insoumise (LFI) qui manifestait contre le génocide. Il a dit, «Il me semble essentiel de venir en soutien à la Palestine, au peuple palestinien qui souffre, et notamment à la veille des élections européennes qui sont des élections importantes.» Il a ajouté:

«Il y a une volonté du gouvernement israélien de poursuivre un génocide, de jouer la carte de la terre brûlée, de tout détruire sur leur passage et de ne pas permettre aux Gazaouis de revenir en arrière et de reconstruire. A travers les déclarations du gouvernement israélien, on voit que leur volonté est tout bonnement d’éradiquer le peuple palestinien en ne lui laissant aucune chance hormis l’émigration. C’est inacceptable du point de vue du droit international … Et la France ne joue pas son rôle, elle ne condamne pas le régime d’extrême-droite actuellement en Israël.»

Quand le WSWS a expliqué que les travailleurs ne pouvaient pas construire un mouvement national français pour stopper le génocide et la guerre, et qu’il fallait construire un mouvement international y compris contre l’État impérialiste français, Mustapha a répondu: «J’ai entendu Macron à plusieurs reprises parler d’émotion, d’indignation pour évoquer le combat du peuple palestinien. Mais il n’est pas à la hauteur de l’événement, il n’y a rien à attendre de lui. Il s’avère être le paravent de l’extrême-droite, il favorise l’extrême-droite dans tous les sens du terme.»

Mustapha a fait part de ses craintes vis-à-vis l’escalade militaire en Russie: «Macron veut envoyer des instructeurs, on est dans un truc très inquiétant, encore une fois c’est inacceptable. Appeler à un conflit, on sait très bien que ça favorise les forces en puissance. Le conflit est intolérable et il faut toujours garder en tête le droit international. Les gens qui vont en pâtir, ce sont des gens comme vous et moi qui devront se battre pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.»

Quand les journalistes du WSWS ont insisté que ces circonstances indiquent clairement que les travailleurs ne peuvent pas se borner à la stratégie nationale et parlementaire proposée par LFI, et que Mélenchon est ex-sénateur, Mustapha a répondu qu’il pourrait comprendre de pareils propos.

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